Grève au collège Jean Vigo

Article publié dans le n° 307 de La Tribune des Travailleurs

L’Éducation nationale « dénationalisée » ?
Quand des entreprises privées « forment » des enseignants…

Le 14 septembre, 80 % des personnels du collège Jean-Vigo, à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) étaient en grève pour « protester contre le non-renouvellement de notre collègue de mathématiques (…), enseignant depuis quatre ans au collège ». Ils précisent dans leur courrier au recteur : « Ce professeur de mathématiques investi, sérieux, (…) s’est vu renvoyé sans justification fin juillet avec d’autres contractuels de l’académie de Créteil. Il nous a été répondu que son poste serait occupé par un contractuel du choix de l’école, en septembre. »

Dans un contexte général de licenciement de centaines d’enseignants contractuels parfois très expérimentés dans l’académie de Créteil (lire nos numéros précédents), la déréglementation mise en œuvre par le ministère, qui impose l’affectation de jeunes diplômés sans expérience, sélectionnés par l’association de droit privé Le choix de l’école, a de quoi choquer.

Cette association, partenaire du ministère de l’Éducation nationale, financée par des mécènes tels que Total, Société Générale, Rothschild, BNP, Axa, etc., revendique le fait de sélectionner et de former des enseignants en français, anglais et mathématiques*, trois disciplines où le nombre de professeurs virés est particulièrement important. Les rectorats des académies de Créteil, Paris, Versailles et Aix-Marseille sont ensuite tenus – les ordres viennent du ministère même – de leur proposer une affectation pendant deux ans dans un établissement classé « éducation prioritaire », quitte, comme au collège Jean-Vigo, à licencier l’enseignant contractuel en place.

La formation de ces « sélectionnés » débute par une « université d’été » où, pendant tout le mois de juillet, l’État met à disposition des locaux et assure la présence d’intervenants prestigieux (cette année, Blanquer lui-même s’est déplacé à Aubervilliers).

Il s’agit là d’une forme de privatisation inquiétante du recrutement et de la formation des enseignants, particulièrement à l’heure où le gouvernement annonce vouloir opposer, dans toute la fonction publique, une contractualisation massive au recrutement statutaire par les concours.

Une attaque qui s’inscrit dans une politique d’ensemble par laquelle le gouvernement Macron travaille sous toutes les formes à « dénationaliser » (c’est-à-dire privatiser) l’Éducation nationale (lire les autres articles dans cette page).

C’est un nouveau coup porté au principe de laïcité, parce que de nature à vouloir placer l’école sous des groupes d’influence liés aux capitalistes. On sait que ces derniers n’ont jamais relâché leur ambition de prendre le contrôle de la formation des jeunes pour mieux détruire les diplômes et les qualifications acquis une fois pour toutes au profit de compétences jamais totalement acquises. Au point d’envoyer des « missionnaires » dans les collèges des quartiers défavorisés pour défendre les réformes anti-ouvrières de Macron-Blanquer ?

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