ORGEMONT: LES LOCATAIRES CONTRE LA DEMOLITION DE LEURS LOGEMENTS

C’est dans une salle bondée, sans aucun respect des règles sanitaires de distanciation entre les chaises installées dans la salle, que 500 habitants d’Orgemont à Epinay sur Seine ont été accueillis jeudi 8 octobre dans une réunion de présentation par le Maire, des urbanistes et des bailleurs sociaux du plan de rénovation du quartier. Ce plan, élaboré dans le secret le plus complet,  présenté à l’ANRU et validé en janvier dernier avait été gardé secret jusqu’à la publication mardi d’un numéro du  « journal de la rénovation urbaine ».

Dans la plaquette distribuée mardi, les habitants avaient découvert soit que leur immeuble devait être réhabilité (1904 logements) soit remplacé par d’autres immeubles, donc démoli (1193 logements). Si la construction de 1750 logements est annoncée, pour beaucoup après 2030…, ce sera une « offre diversifiée », c’est-à-dire en loyer libre, accession »sociale » à la propriété, ou accession libre à la propriété.

Au vu des documents, il apparait qu’aucun des locataires des premiers immeubles à démolir (à qui on fait remplir en hâte des « demandes de logement ») ne bénéficiera d’un logement neuf, mais qu’ils seront répartis dans les quelques logements disponibles d’immeubles vétustes dans lesquels ils devront par la suite subir un chantier de rénovation, a moins qu’ils ne préfèrent quitter la ville.

Parmi les nombreuses interventions dans la salle, celle du président du  conseil citoyen du quartier, lisant une déclaration adoptée à l’unanimité en réunion « plénière » une heure avant : «   Le projet de rénovation urbaine présenté le 8/10 a été élaboré en violation de l’article 7 de la loi LOI n° 2014-173 du 21 février 2014 de programmation pour la ville et la cohésion urbaine qui stipule : « Des représentants du conseil citoyen participent à toutes les instances de pilotage du contrat de ville, y compris celles relatives aux projet de renouvellement urbain » Malgré toutes nos demandes le projet n’a jamais été soumis à l’appréciation de notre conseil citoyen. Le conseil citoyen refuse ce projet. Nous demandons à ce qu’il soit entièrement revu avec notre participation et celle de tous les citoyens d’Orgemont. »

Le maire répond : « la concertation se fera autour des immeubles, on fait un parc, comment je circule dans ce parc, comment je vais amener mes enfants dans ce parc. Tout ça ça doit ce faire en concertation. Quand on construit une école, qu’on invite les associations de parents d’élèves à travailler sur un projet d’école, ça c’est de la concertation. Quand on créé un nouveau lieu de service public, un centre culturel, ça ça doit se travailler avec les habitants, [..]. Mais demander à qui que ce soit « on démolit ça ou on démolit ça ? » non ! Moi ce que je veux c’est le meilleur pour les habitants du quartier d’Orgemont. Certains ont des idées différentes, je n’en doute pas, donc ça continuera dans ce sens avec les habitants pour tout ce qui touche à leur quotidien.  On a toujours fait comme ça depuis le premier programme de rénovation urbaine, ça a toujours bien fonctionné. Moi je dois être le garant, avec tous les élus, du mieux vivre pour vous, et surtout d’être le garant vis-à-vis des bailleurs ».

Une habitante lit une pétition signée par 38 locataires de son immeuble « […] Nous nous élevons contre ces méthodes anarchiques tant du Maire que du bailleur. Nous refusons la destruction de nos immeubles qui se trouvent à proximité des transports et des grandes surfaces pour les familles n’ayant pas forcément les moyens d’avoir une voiture. Beaucoup  d’entre nous habitons ce quartier depuis plusieurs générations et apprécions sa convivialité et ses habitations. Nous sommes mis devant le fait accompli et pour cela nous sommes prêts à nous battre pour garder nos logements ».

Alors que le maire explique que des locataires du centre ville auraient voté pour la destruction de leur immeuble un jeune s’avance dans la salle vers la tribune en disant « on n’a rien demandé ! ». Plus tard il prendra le micro et dira: «On ne nous a jamais prévenu, on n’est au courant de rien: quand j’ai parlé au bailleur il y a deux jours on parlait de réhabilitation, là on parle de démolition, c’est complètement différent. Ma grand mère qui a 76 ans, qui habite le quartier depuis 50 ans, comment on fait pour ces gens là ? où est ce que vous allez les mettre ? Ou est ce que vous allez la mettre ma mère, et tous ces gens là qui ont grandi ici ? »

Une habitante «  on vient de me donner un logement au mois de mars. Sur le plan, je vois qu’il va être détruit, je suis une mère seule avec deux enfants et j’ai fait pour 15000 euros de travaux. J’ai fait une cuisine équipée sur mesure. On a tout refait à neuf.  Pourquoi on ne m’a pas donné un logement dans un immeuble qui ne doive pas être détruit ?

Un militant du POID qui a levé la main pendant près d’1/2 h pour s’exprimer n’a pas eu droit au micro. Un tract avait été distribué à l’entrée. Après la réunion, des groupes de discussion se sont formés. Les locataires ont été invités à participer à l’AG du comité POID (mardi 18h au Centre Socio Culturel Félix Merlin)

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